En plein coeur

   Je l’ai déjà dit, je suis Infirmière. Et, pour être plus exacte, je suis Infirmière Cadre de Santé. Quoi ? Je suis celle que l’on nommait avant : surveillante, infirmière chef, voire cheftaine.

Je travaille dans un grand CHU, donc dans un établissement Public, dans un service de médecine et oncologie (= cancérologie). Pour le personnel paramédical, Infirmiers et Aides-Soignants, les temps sont durs. Non seulement il faut courir après la montre pour effectuer tous les gestes, accompagner les patients dans leurs douloureux parcours et leur fin de vie, mais aussi se plier à une politique nationale de santé de plus en plus austère (qui va souvent à l’encontre des valeurs professionnelles soignantes).

Mon équipe est formidable. Elle sait trouver le temps pour accompagner, écouter, parler, rassurer, informer…, bref : Soigner.

Je me sens proche d’elle et inversement. Je fais partie intégrante de l’équipe. Une véritable Équipe où règne la franchise, la compétence, l’entente, l’entraide, le respect de l’Autre…

Lors de ma seconde tentative de FIV, j’ai été arrêtée 2 semaines pour pouvoir faire face plus sereinement au traitement. Une Infirmière me remplaçait et l’ensemble de l’équipe connaissait le motif de mon absence.

Régulièrement, 2 à 3 fois dans la semaine, un membre de l’équipe me téléphonait à mon domicile pour prendre de mes nouvelles. Comme l’appel coïncidait avec leur “pause petit déjeuner”, le téléphone faisait généralement le tour de la tablée avant d’être raccroché, chacun y allant de son petit mot d’encouragement.

Et puis le verdict est tombé : arrêt de la FIV, pas d’autre tentative possible, jamais je ne serai enceinte.

Quand le téléphone a sonné, mes yeux se sont embués et ma voix s’est enrouée. L’infirmière à immédiatement compris et je lui ai expliqué le diagnostic qui avait été posé. Les mots d’encouragement se sont transformés en mots de soutien. J’ai raccroché le cœur un peu lourd.

Deux jours sont passés et, un matin, une personne est venue frapper à ma porte. Un fleuriste ? Il doit y avoir une erreur ! Non, c’est bien pour vous.

Et là j’ai vu un magnifique bouquet, accompagnée d’une carte noircie de mots de soutien, le tout envoyé par mon équipe pour me montrer leur présence à mes côtés dans ce douloureux moment.

J’ai fondu en larmes, toute en étant fière d’appartenir à une telle équipe.

Merci encore à tous, vous m’avez soutenue, partagez mes espoirs et mes déceptions. Vous êtes de formidables soignants et d’extraordinaires personnes… mais ça, je le savais déjà, en vous voyant travailler, et vous épuiser, tous les jours auprès des patients.

Comments

[Anecdote71]

Karen : c'est aussi ce que je me dit...

[karen]

tant pis pour la direction, ça vaut la peine de soutenir une équipe comme ça !

[Anecdote71]

Oui c'est une équipe formidable et, d'ailleurs, c'est uniquement pour elle que je reste. Le problème, comme je prends souvent le parti de mon équipe, la Direction ne voit pas cela d'un très bon oeil... Je pars du principe que si une équipe est soutenue et "se sent bien" alors les patients pourront bénéficier d'une qualité de soins optimale.

[nat]

tu as une équipe formidable!
cela a dû te réchauffer le coeur d'être soutenue comme ça