L'endométriose à mots ouverts
Cette semaine, impossible de venir sur mon blog, pour cause d’épuisement. Épuisée par l’endométriose.
Je m’explique :
Je suis épuisée par les douleurs et l’anémie ;
Je suis douloureuse et anémiée parce que j’ai mes règles ;
Mes règles sont douloureuses et abondantes parce que j’ai de l’endométriose ;
CQFD !
Lorsque que l’on parle d’endométriose, nous le faisons souvent à mots cachés ou en utilisant des termes médicaux. C’est plus “propre”, plus “entendable”, plus “acceptable”.
Mais la réalité est toute autre et comment faire comprendre cette maladie si personne ne dit ce qu’est REELLEMENT le quotidien des endométriosiques.
J’ai décidé de vous en parler crument, avec mes propres mots et sans tabou : âmes sensibles passez votre chemin.
Je vais me baser sur ma propre expérience. Je suis atteinte d’une endométriose assez sévère, de stade IV. Elle s’est développée sur le col de l’utérus, les ovaires, le ligament utéro-sacré, les trompes de Fallope, le mésentère et dans le péritoine. Chaque femme est unique : les zones atteintes peuvent être différentes, ainsi que les symptômes. Ce qui suit est uniquement MON vécu de la maladie et non pas une généralité. Je sais, néanmoins, que beaucoup d’endométriosiques se reconnaîtront.
Commençons par les douleurs. Elles débutent avant l’ovulation pour se “terminer” quelques jours après les règles. Elles évoluent durant le cycle.
Au début cela ressemble à une simple gêne qui se situe au niveau d’un des ovaires (ce qui à le mérite de me renseigner de quel côté je vais “pondre” !). Puis cette gêne se métamorphose en douleurs ponctuelles. Il s’agit de douleurs le plus souvent irradiantes : elles commencent vers l’ovaire pour se déplacer suivant un trajet aléatoire (vers le sacrum, le nombril, les jambes,…). Après l’ovulation j’ai droit à quelques jours de répit, avant l’arrivée de mes règles.
3 à 4 jours avant mes règles, les douleurs reviennent. Elles se situent autour du nombril et j’ai l’impression, par instants, que quelqu’un racle les parois internes de mon ventre avec une fourchette. Certains disent être mal dans leur peau, durant cette période j’ai coutume de dire que je suis mal dans mon ventre.
Puis les règles débutent.
Celles-ci durent 7 à 8 jours !
Elles sont très abondantes : les 4 premiers jours 1 tampon Super Plus + une serviette hygiénique Maxi Nuit ne durent que 3 heures avant d’être “saturés”.
Les écoulements se font par “vagues” successives, chacune précédée par l’évacuation d’un, ou plusieurs, caillot. Les caillots sont de tailles variables : de celle d’un petit pois à celle de 4 pièces de 2 euros. Chaque expulsion d’un caillot est précédée d’une douleur violente. Le passage de celui-ci n’est pas agréable : vous suivez lentement son trajet durant son parcours dans votre intimité.
Comme beaucoup d’endométriosiques, mon utérus est rétro-versé : il est penché vers l’arrière. Cette position, anormale, a une incidence sur l’écoulement des règles lorsque je suis en position allongée. L’écoulement se fait par voie rétrograde (dans le péritoine, par l’intermédiaire des trompes) ce qui a pour conséquence :
1°) le développement de la maladie par “ensemencement” des tissus sains par les cellules endométriales,
2°) des règles qui semblent s’être arrêtées (plus d’écoulement par le vagin) jusqu’à ce que je me lève. Là c’est la débâcle : le sang retenu depuis plusieurs heures, dans la cavité utérine, sort en une seule fois…
Le saignement est tel que je suis constamment anémiée. Mon taux d’hémoglobine laisse souvent le laboratoire d’analyses médicales perplexe : « Vous avez subie un intervention chirurgicale récemment ? ».
Les douleurs, elles, se font plus violentes, plus irradiantes, plus fréquentes. Certaines, en coup de poignard, me coupent le souffle et m’arrêtent net dans mon activité.
Leurs points de départ sont nombreux : les ovaires, l’utérus, l’anus, les intestins, la vessie…
Ces douleurs me coupent les jambes, j’ai l’impression qu’elles sont froides et ne vont plus me soutenir.
Je peux alors me gaver d’IBUPROFENE pour un résultat bien médiocre.
Il m’arrive aussi d’être “bloquée” sur les toilettes, ne pouvant faire aucun effort pour éliminer : chaque contraction musculaire me déclenchant des douleurs insupportables, à la limite de l’évanouissement.
Après une semaine de supplices, mes règles s’arrêtent. Je suis épuisée par l’anémie mais, du côté des douleurs, quelques jours de répits s’annoncent. …. Jusqu’à la période d’ovulation… vous pouvez alors reprendre la lecture de cet article à son début… voilà le cercle vicieux de l’endométriose !
J’espère que cette description est restée supportable. Que vous arrivez, ainsi, à mieux appréhender cette pathologie et ses répercussions physiques et morales. Désolée pour celles qui se sont senties agressées mais il m’était devenue indispensable de pouvoir en parler sans tabou…