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Une vie pas si banale!
Une vie pas si banale!
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26 février 2007

Une vie inachevée

AG1

Juillet 2006 : les gynécologues de P.M.A. me préviennent ;  je ne pourrai jamais être enceinte.

Jamais ne pourrai savoir ce que c’est que de porter et de donner la vie. Jamais je ne verrai mon ventre s’arrondir. Jamais je ne verrai un sourire de fierté sur les lèvres de mon mari en voyant les progrès de son enfant. Jamais je n’entendrai le mot si tendre de ²maman². Jamais je ne recevrai de collier de pâtes pour la fête des mères.

Les mois sont passés.

Je tentais tant bien que mal, mais plutôt mal, de faire mon deuil d’une éventuelle grossesse.

Fin décembre 2006 : mon corps essaye de me faire comprendre qu’il se passe ²quelque chose². J’ai une envie quasi irrépressible de dormir chaque après-midi. Mon ventre est tendu et légèrement douloureux. Mes seins sont lourds et désagréablement tendus, ils changent un peu de forme. Bof, juste une nouvelle crise d’endométriose qui s’annonce…

Mais mes règles n’arrivent pas. Est-ce que je dois faire un test de grossesse ? A quoi cela servirait-il ? A me faire pleurer une fois de plus à la lecture du résultat négatif ?  Et puis les gynécologues ne m’ont-ils pas prévenue : JAMAIS

Après 3 semaines de ²retard², je me décide à passer à la pharmacie pour acheter un test. Je rentre chez moi et, sur l’insistance de mon mari, le fait immédiatement. Je n’ai pas le temps de lui demander de compter les secondes que le résultat est déjà là : POSITIF.

Mon mari saute de joie, téléphone à la pharmacie et à mon médecin traitant pour connaître la fiabilité de ces tests urinaires. Rassuré par les réponses il appelle  mes parents et les siens pour les informer de la formidable nouvelle.

Moi, je suis tétanisée. J’ai des sanglots bloqués dans la gorge, les yeux embués de larmes et les mains crispées sur le test que je ne quitte pas des yeux. Je n’arrive pas à y croire, je n’arrive pas à m’en réjouir.

Parce que je sais. Je sais que j’ai 40 ans, je sais que je suis atteinte d’une endométriose sévère, je sais que si ce bébé est vraiment là alors il va devoir se battre plus qu’un autre pour s’accrocher…

Ma grossesse est confirmée par un dosage de b H.C.G.  (15 367 UI) et par une échographie. Le bébé est bien là, confortablement installé au bon endroit et l’ébauche de son petit cœur bat déjà. !

Samedi 03 février 2007 :  il est tard, j’ai un peu mal au ventre et je m’effondre en sanglots. J’AI PEUR, tellement peur de perdre cette petite vie. Je sens que quelque chose ne va pas. Mon mari essaye de me réconforter, je vais me coucher épuisée et pose les mains sur mon ventre pour transmettre tout mon amour à ce petit bout.

Lundi 05 févier 2007 :  vers 17h00, j’ai quelques minimes pertes de sang marron. Rien d’inquiétant pour les gynécologues mais cette fois je suis convaincue qu’un truc ne va pas, que mon bébé est en danger.

Comme je travaille à l’hôpital, je me suis rendue immédiatement au service maternité    j’ai passé une échographie. La gynécologue tente de me rassurer : ²Je ne vois pas le cœur battre, mais dés fois ça dépend de la position. Il faudrait revenir jeudi ou vendredi, peut-être que l’on verra mieux. Attendez, je mets le doppler pour voir le flux sanguin… euhhh… vous voyez, les taches de couleur sur l’écran c’est là où circule le sang…. Euhh… faudra repasser en fin de semaine, parce que là on dirait aussi qu’il y a un petit  décollement…².

…Tais-toi ! J’ai compris. J’ai vu.

J’ai compris qu’elle tentait de me rassurer, j’ai vu que le sang ne passait pas dans l’embryon et que le décollement était gigantesque par rapport à sa taille… J’ai vu aussi que cet embryon n’avait plus la forme indistincte de ma première écho mais commençait à prendre celle d’un fœtus… J’ai vu, une dernière fois, mon bébé.

J’ai pris le bus, puis le train pour regagner mon domicile. Durant le trajet j’ai eu un peu mal au ventre (quand on a de l’endométriose, on relativise ce genre de douleurs).

Arrivée à la gare de mon domicile, à 20h.30,  à peine le pied sur le quai, j’ai fait ma ²fausse couche² et me suis retrouvée dans une flaque de sang.

Mon mari est venu me chercher pour m’amener à l’hôpital où j’ai été accueillie… en salle d’accouchement.

Je demande à me nettoyer avant de passer une nouvelle écho. Les sages-femmes me font rentrer dans un W.C. où je me nettoie comme je peux… avec du papier toilettes ! … il paraît qu’ils n’ont rien d’autre…

Nouvelle écho : ²Vous avez expulsé l’embryon, il ne reste que l’œuf. Nous allons vous mettre sous traitement pour que vous évacuiez  les débris et, demain matin, nous verrons pour un curetage².

C’est à ce moment que je me suis aperçue du fossé qui existait entre ces professionnels de la naissance et moi. Pour eux les fausses couches précoces sont une banalité presque quotidienne, pour moi c’est la perte de mon bébé miracle, tant espéré et déjà tellement aimé. Comment accepter les mots ²d’oeuf², de ²débris²… ?  Et mon bébé, où est-il parti ? Dans la cuvette des toilettes ? Au fond d’une poubelle dans une serviette hygiénique ?

J’ai passé la nuit dans une chambre de cette salle d’accouchement. Cette nuit là j’ai entendu des mamans mettre au monde leur enfant, j’ai entendu les premiers pleurs de nouveaux nés, j’ai entendu battre les cœurs de deux bébés dont les mères étaient venues faire un monitorage…

Moi j’étais seule, prostrée sur mon lit et plier de douleurs par les effets du traitement.

J’ai refusé le curetage (vu ma chance ils allaient encore me rater et me faire une belle cicatrice utérine qui aurait empêchée toute future nidation). Durant les 5 jours suivants j’ai été sous CYTOTEC pour provoquer des contractions utérines afin de ²nettoyer² mon utérus.

Depuis, je suis triste. J’ai mal et ne pense qu’à ce bébé parti trop vite. Je souffre en silence de cet abandon mais les pleurs ne sont jamais très loin. Et puis mon ventre est vide… tellement vide…

AG2

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Commentaires
A
Merci Dorineda de nous faire partager cet espoir.
D
garder espoire,les medecin m avait dit que je n aurai jamais d enfants,et pourtant,j attend mon 4 ,sa il ne peuvent pas l expliquer,
A
Courage FAYX. Je suis certaine qu'un jour nous aurons, nous aussi, droit à la sérénité et au bonheur.
F
Bonsoir,<br /> voilà quelques jours que je lis ton blog et je me retrouve énormément dedans...<br /> Nos vies se ressemblent beaucoup, moi aussi endo sévére type IV, et aprés une FIV le 29 septembre 2005, j'ai fait une grossesse extra utérine et j'ai du (bien sur) le faire partir ....j'ai perdu "mon bébé" seule au travail fin novembre !!!<br /> La vie est vraiment trop injuste, qu'avons nous fait pour devoir mériter tant de peines, je te souhaite beaucoup de courage et je reviendrai pour te lire...<br /> bisous et à bientôt<br /> FAYX
A
Merci
Une vie pas si banale!
  • Finalement, en regardant de plus près, ma vie n'est peut-être pas aussi banale qu'elle y paraît! Mes joies, mes peines, mes découvertes, mes expériences... qui peuvent, j'espère, servir à d'autres. Altruiste? Et alors...?
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